[Test] Yakuza Like A Dragon : le volet ultime

Tout a commencé sur Twitter, un 1er Avril, le studio Ryû ga Gotoku présente une vidéo « poisson d’avril » d’un Yakuza en RPG. Tout le monde trouve la blague géniale, mais il s’avère que ce n’est pas une blague. Ce Yakuza en RPG est sorti et s’il s’appelle Yakuza Like A Dragon dans notre belle langue de Molière.

Conditions du test :
Le jeu a été testé avec un code Xbox envoyé par Koch Media.

Entre tradition et modernité

Vous l’aurez donc compris, Yakuza le jeu japonais le plus WTF du monde a rencontré le système de jeu le plus japonais. Pour ceux qui débarqueraient, Yakuza est une série de jeux commencée en 2005 et plus ou moins née des cendres d’un certain Shenmue. Devenue culte dans l’archipel, elle finit par débarquer chez nous 1 an après sur PS3. La série se démarque des autres jeux par un coté nawak totalement assumé lors de quêtes annexes d’anthologie et un coté hyper sérieux et extrêmement mis en scène lors de la quête principale. Le monde ouvert, le quartier de Kamurocho, reste l’un des plus immersifs et bien rempli du monde vidéoludique.

Mais après 6 jeux principaux (et des spin offs), la saga se concluait avec la fin de l’histoire de Kiryu, le héros charismatique de la franchise. Et il était temps, car malgré quelques bonnes idées, Yakuza 6 commençait sérieusement à devenir redondant pour le joueur qui arpentait Karumocho pour la 6e fois de suite.

Il fallait retrouver un nouveau souffle à la franchise. Les développeurs étant tous fans de Dragon Quest, la décision fut prise de transformer Yakuza en action RPG pour le 7e opus. 

Les invocations sont des purs moments de WTF japonais

Like A Dragon Quest

Mais pour explorer en profondeur ce nouveau système de jeu, il faut parler un peu du contexte et de l’histoire du jeu. Dans Yakuza Like A Dragon, oubliez Kiryu et dites bonjour à Ichiban. Un apprenti yakuza qui va passer 18 ans en prison pour un crime qu’il n’a pas commis. A sa sortie de prison, il ne reconnait plus Tokyo et particulièrement Karumocho. Après quelques aventures qui lancent le jeu, il se retrouve laissé pour mort dans un bidonville de Yokohama.

Soyons clairs, Ichiban n’a pas le charisme d’un Kiryu, mais il apporte un vent de fraîcheur avec son caractère naïf et son sens de l’honneur exacerbé. C’est d’ailleurs grâce (ou à cause) de cet honneur qu’il se prend pour le héros d’un RPG lors de ses combats. Et qu’on en vient à ce fameux nouveau système de jeu. Transformer un jeu d’action ultra jouissif et rythmé en un RPG était sûrement la chose la plus compliquée à faire. Comment garder le coté bourrin et rapide du système de jeu d’un Yakuza en l’adaptant à la sauce RPG ? 

Le studio a pour cela trouvé des idées plutôt innovantes et ingénieuses, pour faire une sorte de mélange entre RPG tour par tour et Action RPG. Toutes les actions des personnages (héros et ennemis) vont se faire avec une barre d’ATB sur le coté droit de l’écran. Cela veut dire, pour les non initiés, que les personnages attaqueront dans un ordre prédéfini qui change selon leurs caractéristiques. Même si pendant le choix d’une action le jeu se fige, il reste constamment dynamique et les persos bougent tout le temps. Autre ajout d’un jeu d’action à ce mode RPG, le système des « Just Guard »: quand un ennemi vous attaque, si vous parvenez à appuyer sur rond pile au bon moment, vous pourrez diminuer sensiblement les dégâts encaissés. 

Like A Hobo

L’un des éléments les plus importants à noter dans Yakuza Like A Dragon, ce sont les thèmes abordés dans le jeu. L’histoire du jeu nous parle avant tout de précarité, d’immigration et conditions sociales. Des thèmes très peu abordés (ou même pas du tout) dans le jeu vidéo japonais.

Ichiban, laissé pour mort dans un bidonville, devra ramasser des canettes vides et fouiller les poubelles pour survivre. Mais à la différence des jeux précédents, celui-ci ne nous raconte pas l’histoire d’un seul homme mais d’Ichiban et de son groupe d’amis. Ils seront confrontés à la misère des gaijin coréens du japon, laissés pour compte et ne pouvant s’intégrer.

C’est un des points les plus satisfaisants de ce Yakuza. Tout en restant un jeu, il critique de façon intelligente la société japonaise sans jamais s’y prendre de front mais toujours en montrant ce qui ne va pas et l’hypocrisie japonaise. Sans spoiler, toute la partie du scenario sur le soapland, ces « salons de bain » cachant en fait de la prostitution, en est un parfait exemple.

Certaines quetes annexes ne sont pas dénuées d’humour

Like A Hero

Au bout d’une dizaine d’heures de jeu, la volonté de se sortir de sa condition pousse Ichiban à aller au Pôle Emploi local. Autre grosse référence à Dragon Quest, c’est dans ce Pôle Emploi que vous pourrez changer de job. Mais ici pas de paladin, mage ou archer, uniquement des professions plus modernes: garde du corps, cuistot, SDF, hôtesse de bar, diseur de bonne aventure, danseur hip-hop, idole, flic, reine SM. Les possibilités sont nombreuses. Changer de job vous permettra de découvrir de nouvelles capacités, mais vous garderez les capacités passives déjà découvertes dans un précédent boulot. Chaque boulot ayant évidemment ses forces et ses faiblesses, à vous de composer une équipe homogène ou un build selon vos préférences de jeu. Dans chaque boulot le coté n’importe quoi de Yakuza est toujours présent. Lancer « l’ulti » de Saeko en idol pour la première fois et voir des hordes de fans boutonneux se ruer et piétiner votre adversaire est une crise de fou rire assurée.

On ne peut pas parler de JRPG sans parler d’invocations n’est-ce pas ? Et bien là encore Yakuza Like A Dragon permet des invocations toutes plus barrées les unes que les autres, appelées ici les acolytes. Pour débloquer de nouvelles invocations, il faut réussir des quêtes annexes et à la fin on peut tomber sur un nouvel acolyte. Un petit coup de téléphone et une petite somme d’argent, Ichiban appellera toute sorte de profils différents. Du boucher serial killer à la dame de la soupe populaire, vous pourrez en trouver un nombre important dans vos aventures à Yokohama. Petit coup de cœur pour l’invocation d’écrevisses qui empoissonnent vos ennemis pendant quelques tours.

Et qui dit RPG dit points d’expérience. Et celle d’Ichiban et son crew augmente en jouant, tout simplement. Dans les combats, évidemment, mais aussi en faisant les multiples activités annexes que contient l’open world. Les machines à pinces, la salle d’arcade, le practice de baseball, etc… chaque quête, chaque activité vous permettra d’augmenter l’expérience d’Ichiban dans des catégories statistiques différentes. N’oublions pas non plus les coups à boire avec vos compagnons qui permettront d’augmenter votre lien social avec eux. Quoi de mieux qu’un petit whisky entre amis pour se dire tout ce que l’on a sur le cœur ? Ces liens sociaux augmentés permettront à vos compagnons de pouvoir XP même quand ils ne participent pas aux combats. Sacrément important pour le coup.

De nombreux jobs sont disponibles dans le jeu et diffèrent selon les personnages

Like a technician

Le jeu nous a été fourni sur Xbox, et il faut dire que sur notre Xbox One Fat, le jeu a tenu la route. Le seul point négatif que l’on peut retenir sont des temps de chargement qui se multiplient très souvent. Mais dans l’ensemble, le jeu est beau et ne souffre d’aucun ralentissement ou autre problème que l’on connait sur certaines productions japonaises. L’open world, même s’il s’avère assez restreint en termes de superficie, surtout au bout de 60 heures de jeu, n’en reste pas moins très bien construit et bien rempli dans toutes les activités que vous pouvez y faire.

Les animations pendant les combats sont fluides. Le moteur 3D est le même que celui de Yakuza 6 et permet d’avoir un personnage agréable à manier tout au long du jeu.

Il est à noter que des packs HD sont déjà disponibles pour la PS5 et la Xbox Series X qui rendent le jeu encore plus beau et fluide que sur les vieilles générations. 

Like a GOTY

Pour conclure, Yakuza Like A Dragon est un grand jeu. Un jeu que tout amateur de RPG se doit de tester. Les fans de la saga ne seront pas non plus dépaysés et retrouveront tout ce qui plaisait dans les précédents opus. Le studio Ryû ga Gotoku ayant réussi l’exploit de renouveler la formule tout en gardant l’esprit de la série, il serait dommage de vous en passer !