[Critique] Nicky Larson et le Parfum de Cupidon : une adaptation qui ne sent pas le sapin

On ne va pas se mentir, les adaptations d’animés en film n’ont jamais vraiment eut la côte. Qu’à cela ne tienne, le réalisateur et comédien français Philippe Lacheau, téléspectateur assidu du Club Dorothée a décidé de relever le défi en adaptant au cinéma, avec un scénario inédit, une des œuvres populaires du grand Tsukasa Hojo : City Hunter (ou Nicky Larson pour la France). A-t-il réussi son pari ou bien les haters ayant dénigré le film dès son annonce ont-ils eu raison ? C’est ce que nous allons découvrir tout de suite !

 

Un projet de longue haleine

Etant un grand fan du Club Dorothée, Philippe Lacheau ne parvient pas vraiment à cacher son excitation lorsqu’il explique que ce film est son projet le plus risqué et le plus important réalisé jusqu’à maintenant. Démarrée il y a 3 ans, cette longue entreprise débuta par l’écriture du scénario qui dura 1 an et demi avant d’être finalement validé par l’auteur original du manga, Tsukasa Hojo. M. Hojo qui s’était renseigné sur le bonhomme en regardant ses films précédents (Babysitting, Alibi.com …), a décidé de lui faire confiance, et lui a même fait des suggestions sur son scénario qu’il a trouvé particulièrement malin.

Puis, c’est à l’occasion du Comic-Con de Paris que Tsukasa Hojo vient en France et découvre le film enfin terminé ! Enchanté par ce qu’il a vu, il donnera ensuite son avis et ses impressions devant la presse et une salle aussi bondée à l’intérieur qu’à l’extérieur lors d’une masterclass organisée par le festival. Par chance, cette masterclass fût enregistrée et mise en ligne sur YouTube, et vous pouvez la retrouver juste en-dessous.

Le mangaka a particulièrement craqué sur le jeu d’Elodie Fontan qui pour lui, incarne Laura à la perfection, au point de l’appeler « Kaori » (nom japonais du personnage dans l’oeuvre originale) toute la journée de leur rencontre au salon. A ce moment-là, Philippe sait qu’il a remporté son premier pari : satisfaire le créateur de la série originale, si chère à son petit kokoro. Mais il reste encore le public…

 

Une histoire qui sent la rose

Comme je l’ai précisé précédemment, le scénario de ce film est complètement inédit et ne reprend pas celui d’un épisode ou d’un arc du manga. Philippe expliquera d’ailleurs qu’il était compliqué de faire tenir l’intrigue d’un épisode sur un film entier. Choisir une histoire originale rajoute encore de la complexité au défi de base qui était d’arriver à faire plaisir aux fans de l’anime, du manga, mais aussi aux fans de la « bande à Fifi » qui ne connaissent pas l’œuvre originale ; c’est notamment pour cette dernière catégorie et pour continuer de toucher un public large, qu’il a été obligé d’être beaucoup plus soft que l’oeuvre originale. En effet, si Nicky avait défoncé des murs avec son pénis comme dans le manga original, l’interdiction -12 serait facilement tombée et le film n’aurait pas eu cette dimension « comédie familiale ».

Coté scénario, Nicky Larson et le Parfum de Cupidon suit une trame assez classique (malheureusement indispensable pour ne pas perdre le grand public) mais arrive tout de même à nous surprendre à la fin. J’ai personnellement été un peu déçue, non pas par le twist en lui-même, mais plutôt par la manière dont il est amené et résolu de manière expéditive, alors qu’il implique des enjeux dramatiques qui auraient mérités un traitement plus posé.

A l’instar des précédents films de Lacheau, l’humour option beauferie est bel et bien présent. Ce n’est pas pour ce genre d’humour aux gags faciles et convenus que j’ai pouffé, mais plus pour le comique de situation (très présent vous vous en doutez) ou aux blagues en fil rouge. Enfin, j’ai vraiment adoré les clins d’œils et références plus ou moins subtilement amenées au Club Dorothée, que la génération de ceux qui n’avaient pas internet seront ravis de retrouver… Sans compter les caméos, même si je préfère vous en laisser la surprise, sachez qu’ils raviront les fans de la bonne époque « Club Do ».

nicky larson
En couple dans la vie, complices à l’écran

La bande à Fifi loin d’être aux fraises

Malgré les bons échos que j’avais eus, je ne savais pas trop à quoi m’attendre en terme d’acting… J’ai vu tous les films de Lacheau, je connais sa façon de jouer et autant vous dire que j’ai été assez surprise. Malgré mes appréhensions, j’ai trouvé son Nicky crédible de bout en bout ! A aucun moment Lacheau ne sort de son personnage, à tel point qu’il a réussi, en peu de temps, à me faire oublier le Fifi que l’on connait.

Quant à Elodie, je suis obligée de suivre M. Hojo et d’admettre qu’elle joue merveilleusement bien Laura. Assez éloignée de ses anciens rôles, l’actrice a su parfaitement s’approprier Laura tantôt douce et compréhensive, tantôt intransigeante et colérique : on jubile !

Petit nouveau qui vient rejoindre la bande : Kamel Guenfoud dans le rôle de Mammouth, le tout premier rôle au cinéma pour ce comédien-combattant d’arts martiaux entièrement fait de muscles ! Acclamé par sa famille (présente dans la salle lors de l’avant première) mais aussi par ses collègues, il mérite clairement de poursuivre dans cette voie. Espérons pour lui que ce rôle soit le premier d’une longue carrière !

Enfin, j’ai trouvé les personnages secondaires drôles et attachants. Ils apportent une réelle valeur ajoutée au film, notamment pour appuyer le comique de situation.

nicky larson
La bande de joyeux lurons

Une réal qui ne manque pas d’air

Terminons en beauté sur ce que j’ai le plus apprécié dans cette adaptation : la réalisation. Dynamique et efficace, la mise en scène m’a tour à tour donnée l’impression d’être dans un jeu vidéo, un animé, puis, quand même, dans un film. J’ai vraiment été transportée dans plusieurs univers en une seule séance !

Les plans rapprochés sur les balles tirées par Nicky sont simplement à couper le souffle tant il a su prêter attention aux moindres détails. Mais ma scène préférée reste la fameuse scène de combat en vue subjective totalement spectaculaire. C’est à ce moment précis que le film est parvenu à transporter la gameuse que je suis dans l’univers du jeu vidéo, et cela m’a littéralement fait décoller du sol !

En terme de rythme, le film est là aussi très compact et malgré un déroulement convenu comme je vous le disais plus haut, on ne s’ennuie à aucun moment grâce à une absence de temps mort des plus agréables.

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Un compagnon de route pas vraiment choisi…

 

En bref

Nicky Larson et le Parfum de Cupidon va au-delà du simple film de divertissement familiale. C’est un réel hommage qu’à voulu faire Lacheau et on le ressent bien durant 1h30. Le scénario bien que basique sait surprendre, le jeu d’acteur arrive à nous faire oublier les précédentes performances des comédiens, la réal nous transporte là où nous ne pensions pas mettre les pieds et que vous le vouliez ou non, à un moment ou un autre, vous vous surprendrez à rire à gorge déployée.

Sony, qui distribue le film, a vraiment mis les moyens au niveau de la communication pour mettre toutes les chances de son côté. On espère vivement que le retour sur investissement sera suffisant pour voir naître une suite, sachant que le body de Lacheau est déjà ready.

Ne vous faites pas avoir par la bande annonce du film qui n’est absolument pas représentative de celui-ci. Ce n’est pas avec ça que vous pourrez vous faire un avis juste, alors tut tut les rageux, faites un tour dans la salle obscure la plus proche de chez vous avant de déverser inutilement votre haine sur les internets.

Enfin, pour les deux du fond qui ne connaissent pas encore Nicky Larson / City Hunter, sachez que la série complète est disponible en VOSTFR et VF sur Anime Digital Network ! De quoi en apprendre plus sur l’univers avant de filer dans les salles obscures !

 

Vous aimerez si :

– Vous êtes nostalgique du Club Do’.
– Vous appréciez Philippe Lacheau et sa bande.
– Vous avez adoré la VF de Nicky Larson.

Vous n’aimerez pas si :

– Vous faites parti de la team 1er degré.
– Vous pensez que Nicky Larson est une oeuvre plus sombre que comique.
– Vous préférez la VOSTFR et dire que Nicky Larson ce n’est pas City Hunter.

 

Nicky Larson et le Parfum de Cupidon, en salle dès le 6 Février 2019.

Célia Roy

Célia Roy

Co-fondatrice de Bordel de Nerds, Etudiante en Webmarketing, Community Manager, Streameuse, Intervenante Women In Games et accessoirement danseuse professionnelle.