[Test] Fallen Legion Rise to Glory : de bonnes idées mal présentées

Alors que les fans de J-RPG attendent fébrilement la sortie d’Octopath Traveler sur Switch, Fallen Legion : Rise to glory sort sur cette même console. Version ultime de ce jeu qui était déjà sorti sur PS4 et Vita, puisqu’il réunit leurs deux scénarios exclusifs, il s’agit d’un bon défouloir dont l’univers et les enjeux sont malheureusement bien trop mal présentés.

Une action décomplexée avec cependant trop peu d’éléments de RPG

Fallen Legion se compose de deux scénarios distincts qui se déroulent de manière parallèle avec comme toile de fond, la chute de l’empire de Fenumia. Cette entité politique très agressive est au bord de la guerre civile, à cause de la mort de son empereur qui laisse les rênes du pouvoir à sa fille Cecille, la protagoniste du scénario Sins of an Empire. Cette dernière va devoir maintenir son héritage à flot, tandis que le légat Leandur profite de la situation pour tenter d’obtenir le pouvoir. Vous l’aurez compris, ce dernier possède sa propre intrigue, Rise of the Rebellion, sachant que ces deux personnages sont in fine de bons bougres poussés dans leurs derniers retranchements par la situation politique et les agissements de l’autre.

Ils vont réunir autour d’eux des Exemplars, des esprits qu’ils peuvent invoquer et contrôler pour se battre à leur place en combat, tandis qu’ils utilisent leur magie afin de guérir leurs séides ou bien lancer des sorts offensifs. Ces Exemplars sont en nombre assez limité (j’en ai eu un maximum de 7, dont un trouvé en dehors de la trame principale) mais leurs rôles et la manière dont on peut les jouer sont très différentes et complémentaires. Le tank en première ligne encaisse les coups et gêne les assaillants, la deuxième ligne enchaîne les combos tandis que le front arrière peut effectuer des finishers assez dévastateurs, pour peu que vous ayez enchaînés assez d’attaques.

Les combos sont cruciaux dans le gameplay de Fallen Legion puisqu’ils permettent d’augmenter les dégâts de vos Exemplars : avec une chaîne de 50 attaques, par exemple, vos coups sont 1,5 fois plus puissants (avec un cap à x2, une fois la chaîne de 100 coups atteinte). Une mécanique à maîtriser très vite, d’autant que les affrontements très nerveux sont au départ assez faciles, avant qu’un boss ne vous corrige sévèrement et vous oblige à faire attention à vos enchaînements et vos parades. Dommage que la Switch ne tienne pas toujours la cadence, particulièrement vers la fin du jeu où les ralentissements se multiplient, au point de rendre l’action moins lisible et jouissive. Des soucis absents d’un jeu comme Valkyrie Profile, une des influences de ce Fallen Legion.

Parlons également de l’aspect RPG de ce soft, très léger. Vous ne pourrez pas vraiment customiser vos personnages, si ce n’est en équipant trois gemmes qui peuvent influencer leur posture ou leurs caractéristiques. Certes, on peut changer de gemmes entre chaque série de combats, mais il n’y a pas vraiment de quoi s’investir dans le système de jeu. Notons que chacun de vos personnages peut évoluer, devant un avatar du Chaos ou de l’Ordre (histoire de s’inspirer de Donjons et Dragons et de rester sur un thème qui ne soit pas manichéen, opposant binairement le Bien et le Mal), mais il est très difficile de comprendre quels choix, quels facteurs permettent à tel personnage d’évoluer dans un sens ou dans un autre. Cela dit, il est très difficile de comprendre l’univers de ce jeu, de manière plus globale.

 

Fallen Legion
Bloquer les attaques ennemis s’avère essentiel pour garder sa chaîne de combos intacte et augmenter ses dommages. À terme, ce sera également indispensable pour sauver vos personnages, les tanks y compris.

 

Une présentation d’univers encore plus ratée que celle de Final Fantasy XIII.

On avait (à raison) critiqué Final Fantasy XIII parce qu’il obligeait le joueur à farfouiller dans une encyclopédie pour comprendre les termes techniques compliqués et certains enjeux de son univers. Eh bien Fallen Legion est au même niveau : il n’y a rien pour poser les enjeux dès le début de la partie, que ce soit sur l’empire Fenumien ou bien ses voisins, ou même sur les personnages principaux. Certes, un onglet « History » permet d’apprendre des bribes d’informations, qui sont répétés sur les temps de chargement entre les combats et la carte du monde (qui ne permet de comprendre l’étendue de l’empire dans lequel nous évoluons). Mais difficile de comprendre comment le joueur peut avoir une influence sur ce monde, surtout lorsque les choix à sa portée sont aussi abscons.

En effet, Fallen Legion n’a pas choisi de séparer les phases de combats et les phases de « leadership » où votre personnage prend des décisions importantes sur l’ordre public ou le ravitaillement du peuple : elles ont lieu au même moment. Pour être plus précis, vous effectuez des choix entre trois possibilités, chacun apportant un bonus à un ou plusieurs personnages en plus de déterminer l’issue d’une sous-intrigue donnée, comme le destin d’un noble gênant. Le problème, c’est qu’il n’y a aucun moyen d’anticiper le dénouement de ces sous-intrigues, de la même manière qu’il est impossible de savoir vers quels alignements vont évoluer vos personnages. C’est très bizarre, entre deux lattages d’ennemis, de devoir décider quelle faction favoriser dans une lutte uniquement illustrée dans des textes qui ne restent à l’écran que quelques secondes. Et surtout, ça ne sert pas à grand-chose.

Pour résumer, Fallen Legion est un jeu au gameplay sympathique, dont les combats bien rythmés vous permettront de passer une vingtaine d’heures agréables, si vous parvenez à passer outre l’univers mal présenté et que vous ne vous offusquez pas d’avoir un impact quasi-nul sur l’intrigue.  Les visuels 2D valent également le coup ainsi que la musique assez dynamique : un jeu assez inégal et atypique, à réserver aux anglophones ainsi qu’aux fans d’actions décomplexées avec une difficulté progressive maîtrisée. Dommage que l’univers ne soit pas à l’encan.

 

Fallen Legion
C’est joli, mais il est très difficile de comprendre tous les enjeux ou bien d’avoir une idée des répercussions de son choix

 

Vous allez aimer si :

– Vous pouvez pardonner beaucoup de choses à un RPG tant que le combat est bon.
– Les histoires un peu plus manichéennes que la moyenne peuvent vous intéresser.

Vous n’aimerez pas si  :

– Les derniers Final Fantasy vous ont ennuyé car leurs univers étaient mal présentés.
– Vous aimez anticiper les conséquences de vos choix et que ces derniers aient des impacts forts sur l’histoire.