[Critique] Avengers Infinity War : un appétit d’ogre

Voilà, ça y est. Dix ans après Iron Man, Marvel sort son troisième film Avengers et le monde entier célèbre cet accomplissement. 19 films, aucun gadin infamant au box-office, des films qui sont au pire des « Meh ! » pour la critique et un Black Panther tout récent qui dépasse le milliard de recettes. Avengers Infinity War arrive donc à l’apogée du MCU pour mieux le bousculer, quitte à provoquer une révolution de cet univers, dans tous les sens du terme.

Et là, tu les sens mes enjeux ?

Le Titan fou, Thanos, se met en quête des six Pierres d’Infinité afin d’accomplir son plan de gestion de la population de l’univers assez extrême, consistant à annihiler la moitié des êtres vivants existants. Seuls les Avengers, ainsi que les Gardiens de la Galaxy, se dressent pour l’en empêcher, mais la tâche s’annonce rude, d’autant que Thanos possède ses propres troupes et qu’il se révélera prêt à tous les sacrifices pour atteindre son objectif.

Premier film d’un diptyque évident avec Avengers 4, Infinity War est un film impressionnant, à plus d’un titre. Il parvient à référencer les 18 films qui l’ont précédé (et du coup, on déconseillera à un nouveau venu de commencer ici) de manière pertinente, même s’il ne s’agit parfois que d’une référence en coin de phrase, tout en gommant certains aspects les plus gênants attribués habituellement aux films Marvel : ici, l’humour parvient à dédramatiser les situations sans que tous les enjeux soient désamorcés puisque le film n’essaie pas de sortir une blague par minute. Ne vous y trompez pas, on rigole beaucoup dans Infinity War. Cependant, comme dans Civil War, les frères Russo parviennent à dégager des moments dédiés à la rigolade et d’autres très intenses, sans mêler les deux de manière inconsidérée. C’est assez dingue qu’autant de personnages puissent être introduits de manière assez naturelle et que leurs interactions soient toutes intéressantes.

La cinématographie est elle aussi plus poussée que dans la moyenne des Marvel, certains plans dans l’espace ayant pour but évident d’émerveiller le spectateur avec des planètes et des visuels encore inédits dans le MCU (heureusement d’ailleurs que la plupart des CGI sont d’ailleurs). De même, les scènes d’actions sont moins over-cutées que celles du début de Civil War, un progrès indéniable pour apprécier l’action qui reste claire, malgré le nombre de combattants présents dans certaines scènes. Enfin et surtout, dès le début du film, le ton est posé et les enjeux souvent critiqués des films du MCU sont très vite énormes, à cause d’un seul personnage, celui qui porte le film et qui en est clairement le MVP : Thanos.

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Thanos, un antagoniste de premier plan

Kevin Feige, big boss du Marvel Cinematic Universe, avait présenté Thanos comme le vrai personnage principal du film, ce dont je doutais énormément, pensant à une astuce marketing pour hyper le film. Force est de constater que ce n’était pas que de la frime : le Titan fou est un excellent personnage et Josh Brolin l’interprète comme un sociopathe assez noble dont les motivations et l’histoire sont explorées tout au long du film. Qu’un personnage entièrement violet, à la mâchoire aussi caricaturale, aux motivations à ce point extrêmes puisse devenir aussi complexe et intéressant s’avère un vrai tour de force dont le film bénéficiera longtemps.

Bien que ses motivations soient clairement erronés, Thanos croit fermement en ses convictions et s’implique jusqu’au bout pour les réaliser. Le fait que les dégâts qu’il provoque soient conséquents améliore encore la menace qu’il dégage. Sa présence et sa quête des pierres sert de fil rouge au film, pendant que ses ennemis agissent sur différentes planètes afin de contrer ses plans. Le fait que Thanos apparaisse comme une force instoppable, sans scrupules, créé d’emblée une tension constante tout au long du film, que l’humour, comme dit plus haut, apaise sans jamais désamorcer. Avec un autre antagoniste, Infinity War aurait donc été beaucoup plus insipide. Et moins surchargé, aussi.

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Un des méchants les plus iconiques des films de super-héros, sans aucun doute.

Un film qui en fait énormément… et trop peu en même temps ?

C’est ici que le film pourrait bien cliver. Il y a énormément de personnages, de caméos, quelques surprises bien sûr, il est donc évident que tous les héros du MCU ne pouvaient pas briller avec le même éclat, d’autant que Thanos occupe une part importante de l’intrigue. Pourtant, avec une telle fin et autant de sous-intrigues en suspens, il y a de quoi rester sur sa faim. Attention, le film est complet, mais Marvel parvient à laisser le spectateur suffisamment en haleine pour lui donner envie de revenir. Dans un an. Bande d’enf….

Pardon, je digresse.

Ce qui me chiffonne, c’est que j’ai l’impression de discerner un thème, une sorte de constante autour du thème du sacrifice, sans pour autant que le film n’y apporte une réponse claire, qui sera probablement fournie avec la vraie conclusion de cette storyline dans Avengers 4. Frustrant. Néanmoins, dans un tel contexte, Infinity War m’a donné suffisamment d’émotions fortes pour que je lui pardonne sa carence thématique. Du moins jusqu’à l’année prochaine.

Difficile d’en dire plus sans spoiler l’intrigue ou certains moments forts, ce qui serait vraiment du gâchis. Que dire pour conclure ? Qu’Avengers Infinity War vaut bel et bien le coup d’avoir attendu six ans que Thanos pointe le bout de son nez, pour ses moments de rigolade comme ceux qui m’ont fait verser une larme. Qu’une fois plus, Marvel parvient à réaliser un bon, voire un grand film qui n’est certainement pas le chef-d’œuvre du MCU, mais qui procure de bons moments, tout en créant un tremplin pour une suite qui, bien menée, pourrait devenir un des climax les plus satisfaisants de l’histoire du cinéma. Et c’est ce que nous recherchons à travers des films comme ce troisième épisode des Avengers : la satisfaction. De voir nos personnages préférés interagir, lutter, et finalement triompher. Il faut simplement se rappeler, parfois, que douleur et plaisir sont intimement liés.

Alors, préparez-vous à douiller !

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Vers l’infini, et surtout au-delà…