[Test] FrostPunk : l’enfer glacial

Après la guerre civile au travers du génial This War of Mine (que je vous recommande chaudement) le studio 11bits s’attaque au grand froid avec FrostPunk. Voyons ensemble si le studio réussi le doublé.

Dans FrostPunk nous incarnons le chef d’une expédition en perdition, obligé de survivre à un froid glacial dans un monde ravagé. A nous donc de guider tout un tas de pauvres gens stratégiquement pour survivre à cette air glaciaire en prenant les décisions politiques, stratégiques mais aussi technologiques qui s’imposent.

Winter is coming (super original)

Pour survivre dans Frostpunk vous avez à disposition un chauffage à vapeur géant, qui sera le pilier (littéralement) de votre survie. Votre ville est organisée autour de ce générateur, et toutes vos décisions en tant que chef seront liées à celui-ci. Le gameplay va s’orienter en cercle concentriques autour de ce générateur, aussi le placement des logements autant que des autres bâtiments en fonctions de leurs besoin en chaleur va s’avérer crucial. Vous allez donc devoir gérer plusieurs ressources. La principale est le charbon, carburant même de votre survie et si vous veniez à manquer, c’est le game over quasi immédiat, vos survivants devant faire face à un froid auquel ils ne peuvent survivre autrement. Vous aurez également à gérer bois et fer pour vos constructions mais aussi pour vos technologies.

Pour vous aider, vous aurez accès à trois types de travailleurs : les ouvriers, les ingénieurs et les enfants qui peuvent (selon les lois que vous édictez) aller à l’école, effectuer des tâches simples, ou aller à la mine avec les grands. Si dans l’ensemble la gestion des travailleurs est basique, certains bâtiments requièrent une catégorie bien précise d’employés ; les ateliers par exemple, ne fonctionnent qu’avec des ingénieurs.

Winter is here ! (encore pire…)

Une fois les bases posées, vous comprenez vite que le froid ne vous fera aucun cadeau. Allant de -20° à parfois -80° au fil des jours et de la difficulté dans laquelle vous jouez, avant un grand final qui descend jusqu’à -150° avant la fin de partie, il va vite falloir optimiser sa gestion de la chaleur et cela peut vite devenir complexe. Pour vous aider, vous avez à disposition tout un panel de technologies dont l’une d’elle se trouve être des mini générateurs appelés « foyer de vapeur » que vous pouvez placer où bon vous semble (tant que c’est sur une route) pour réchauffer une zone pouvant devenir assez confortable une fois améliorée.

Vous aurez aussi des radiateurs dans les bâtiments les plus importants que vous pouvez non seulement améliorer, mais aussi régler pour ne fonctionner que durant les heures de travail (très pratique). Bien sûr, faire fonctionner ce beau matériel coûte du charbon et il faut donc les disposer intelligemment. Mais comme on dit, c’est en se trompant qu’on avance, et l’une des plus grandes marge d’évolution dans ce jeu au fil des parties sera le placement des bâtiments pour optimiser la chaleur et la dépense d’énergie.

La technologie à tout prix

Car oui, pour survivre vous n’aurez pas le choix. Plus le temps avance, plus la température baisse et les conditions empirent. Pour compenser tout cela, il va donc falloir carburer côté technologie afin de subvenir à ses besoins.

Sous forme d’onglets, les arbres technologiques vont se répartir les tâches. L’onglet « chauffage » va améliorer votre gestion de la chaleur de manière brute, l’onglet « exploration et industrie » va quant à lui gérer les améliorations des expéditions et des automates, l’onglet « ressource » sera orienté vers les ressources primaires et enfin, le dernier onglet « faim, santé et habitation » va regrouper tout le reste, avec des améliorations en tout genre allant des différents habitats à l’isolation des infirmeries.

Vous ne pourrez pas tout faire en une partie, sachez le. Il va donc falloir gérer au fur et à mesure de vos besoins, vos recherches. Plus vous construisez d’atelier, plus vous recherchez vite. Cependant, pour chaque personne en recherche, c’est une personne qui ne produit pas de ressources. Tout est donc basé sur l’équilibre, et il peut être difficile à trouver.

Je suis la Loi !

Deuxième gros pilier sur lequel nous avons le contrôle : la Loi. La gestion des lois est à la fois difficile moralement et parfois assez galvanisante. Vous aurez par exemple différentes lois sur la gestion de la mort. Allez-vous construire un cimetière et laisser vos citoyens faire des funérailles sur leur temps de travail ? Allez-vous construire une fosse commune où les corps seront congelés pour utilisation ultérieure, (que ce soit pour la greffe d’organe ou pour nourrir les citoyens) ? De prime abord, les décisions semblent surgir d’elles-mêmes, mais une fois dans l’enfer de l’hiver, ce n’est plus si simple. Pas facile de garder son éthique morale quand la moitié de la population meure de faim ou est amputée à tout va…

Toutes vos décisions vont orienter deux choses dont je n’ai pas encore parlé : le mécontentement et l’espoir. Sous forme de barre en bas de l’écran, elles vont largement orienter votre façon de jouer, en vous guidant sur les bonnes et mauvaises choses à faire. Par exemple, voter une loi autorisant les enfants à aller à la mine de charbon ne va ravir personne, mais voter une loi autorisant l’alcool dans les bar pourra peut-être compenser le tout et vous permettre d’avoir plus de bras pour récolter le précieux charbon.

Vous aurez, à un moment donné, le choix entre deux styles de communauté : l’une axée sur l’autorité absolue (clairement, une dictature), l’autre, religieuse, va se dédier à la foi pour supporter l’épreuve du froid. Chaque option est viable et radicalement différente. L’une va proposer des messes pour motiver les gens, tandis que l’autre optera pour la propagande et la délation.

Mais tout n’est pas si blanc

Le jeu souffre malheureusement de quelques soucis. Même si graphiquement le jeu est vraiment réussi, l’écran devient très vite laborieux dès que nous avançons dans le jeu. Retrouver ses bâtiments dans tout cet enchevêtrement est une galère, et le plus simple restera de regrouper les bâtiments par utilité, plutôt que par logique.

Le gros point noir du jeu, et je vous avoue qu’en grand fan de This War of Mine cela me fend le cœur, c’est la bande son. Au bout d’une heure de jeu, celle-ci ressemble a des violons désaccordés, mélangés à des griffes sur un tableau d’ardoise… Bref, l’OST est vraiment passé à côté en en faisant vraiment trop.

Globalement, le jeu est toujours un peu « too much ». Constamment à vous répéter la détresse et l’horreur de la situation, au point d’enlever tout immersion et parfois on a vraiment envie de dire « c’est bon on a compris il fait froid met un manteau et ferme-la ! »

En bref, en résumé…

Frostpunk est un jeu cool. Chaque choix pèse lourd, la gestion est millimétrée et l’idée est bonne. Malgré quelques défauts graphiques et une bande son vraiment trop larmoyante, le jeu offre plusieurs scénarios (4 au moment où j’écris ces lignes), ayant chacun une bonne rejouabilité. La prise en main est bonne mais il vous faudra quelques parties pour optimiser et comprendre certaines choses plus poussées. Enfin, le jeu à l’image de This War of Mine fait réfléchir, du genre vraiment réfléchir sur l’Homme et ses réactions en temps de crise. Je me suis souvent demandé quel choix faire et parfois, l’obligation de faire des choix que je n’aurai pas fait ailleurs que dans un jeu, peu faire éprouver des sensations assez nouvelles et très intéressantes au niveau vidéo-ludique. D’autant plus si votre femme est comme moi, du genre à passer en commentant «  pourquoi les enfants ils sont pas à l’école les pauvres ?!! » …

Donc ouais, FrostPunk est un jeu cool et si vous aimez les jeux du genre, alors il méritera largement votre temps et votre argent. Attention toutefois, les gens qui ont tendance à trop s’investir émotionnellement dans les jeux vidéos vont devoir se méfier.

Vous aimerez si :
– Vous aimez les jeux de gestions.
– Vous aimez réfléchir sur l’Humain et ses réactions en temps de crise.
– Les jeux ambiance post-apo ça vous fait encore vibrer.

Vous n’aimerez pas si :
– La gestion n’est pas votre tasse de thé.
– La survie c’est pas votre truc non plus.
– Vous en avez plein le cul des post-apo sous toutes ses formes.