[Preview] Smoke and Sacrifice, il n’y a pas de fumée sans jeu

Parfois, pas besoin d’être nombreux pour faire un bon jeu. L’équipe londonienne de Solar Sail Games nous a présenté il y a quelques semaines son premier bébé : Smoke and Sacrifice, dont la direction artistique comme le gameplay nous ont plus que convaincus. Cette fumée dégage une bonne odeur et ma foi, ce serait dommage de ne pas vous en faire profiter.

Un Don’t Starve mâtiné de Breath of the Wild ? Oui, mais pas seulement.

Smoke and Sacrifice nous raconte l’histoire de Sachi, jeune fermière célibataire, qui a dû sacrifier son premier-né pour apaiser la divinité locale, l’Arbre du Soleil qui fertilise les terres de son village et le protège. Enfin, jusqu’à ce qu’une attaque de monstres ne précipite Sachi dans une fuite qui va l’amener dans un monde souterrain empli de brumes où la jeune femme va devoir survivre et se construire un équipement capable d’affronter ce nouvel environnement. Tout cela avec une seule idée en tête : trouver sa fille qui pourrait ne pas être morte après tout, un espoir ténu auquel la jeune femme va pourtant se raccrocher désespérément.

Tout de suite, les développeurs nous ont annoncé la couleur : si leur jeu référence de manière assez évidente des inspirations comme Don’t Starve et son système de craft, ou Zelda avec la nécessité d’adapter son équipement à l’environnement, leur ambition était de proposer une expérience différente, sur au moins deux points. Premièrement, on note la présence d’une narration et de quêtes qui jalonnent l’expérience de jeu, donnant à Sachi et ses aventures une direction que le jeu de Klei ne possédait pas (et ne cherchait pas à développer). Ici, les développeurs ont indiqué vouloir ajouter une histoire et des allégories à même de marquer le joueur. Reste à voir si l’intrigue, correcte dans la première heure de jeu, saura se montrer efficace sur la durée.

De plus, Smoke and Sacrifice ne nous a pas été présenté comme un jeu où le joueur doit construire une base à laquelle il doit revenir régulièrement pour se nourrir ou affronter la nuit près du feu de camp. Si certains éléments permanents et fixes risquent de s’avérer cruciaux (comme les marmites), pas besoin d’attendre devant un feu pour se protéger du noir. Il faut prendre l’initiative et trouver des sources de lumière. Le fait de ne pas être obligé de se nourrir à intervalles régulières, si ce n’est pour regagner des HP, ainsi que la possibilité de voyager rapidement entre certains points cruciaux de la carte finissent par nous faire comprendre qu’il ne s’agit pas tant d’un jeu de survie traditionnel mais d’un RPG assumé où la nécessité de crafter reste constante pour ne pas se laisser distancer par ses ennemis.

smoke and sacrifice

Plus on avance dans le jeu, plus l’aspect industriel et gothique semble s’accentuer. Et c’est bien.

 

Le râteau de la méduse

Le cœur du gameplay de Smoke and Sacrifice semblant déjà alléchant seul, il est encore plus réjouissant de constater que la direction artistique, comme l’univers, ont été pensés pour accroître notre plaisir de jeu. La direction artistique est ainsi très poussée, oscillant entre plusieurs sources diverses : les développeurs nous ont avoué avoir cherché du côté gothique (comme Darkest Dungeon avec des prêtres à masque de médecin) ou bien même le studio Ghibli et des œuvres comme Princesse Mononoké ou le voyage de Chihiro, pour obtenir des monstres et des ambiances différentes de la fantasy occidentale. À l’image, c’est en tout cas un régal, d’autant plus que les graphismes sont plus que décents (pour un petit studio, c’est du bon travail) et que nous n’avons constaté aucun bug, mis à part quelques soucis de collision très mineurs.

Bref, tout se passait bien dans ma partie, Sachi commençait à prendre de l’allure en se dotant d’une lanterne pour repousser la brume, d’une épée confectionnée à partir de piques lancées par un hérisson sanguinaire et de bottes, lui permettant de se mouvoir sur la neige. Les ennemis s’avéraient suffisamment variés pour que le challenge soit exigeant, nous demandant d’apprendre les patterns des ennemis mais aussi la meilleure manière d’exploiter leurs attaques pour les faire s’entre-tuer. Tout roulait comme sur des roulettes, jusqu’à ce que deux méduses se mettent à copuler gaiement dans la neige.

Oui, j’ai bien écrit cette dernière phrase. Et non, ce n’est pas une blague ou un troll. L’environnement possède sa vie propre, le moteur du jeu permettant aux créatures non hostiles de s’adonner à leurs propres activités si le joueur ne s’immisce pas dans leur vie. Et donc, j’ai vu deux méduses s’accoupler. Au calme, pas loin d’un hérisson plus occupé à me harceler qu’à houspiller les deux amoureux oublieux de la pudeur. Sachant que la faune de ce monde nous a été présentée comme assez complexe, et qu’il est possible, plus tard dans le jeu, de capturer des ennemis pour les dresser et les faire combattre à nos côtés, les promesses d’interactions entre nous et cet univers sont riches et variées.

smoke and sacrifice

Alors je sais bien que l’amour entre une humaine et un non-humain est en vogue depuis La forme de l’eau, mais dans ce cas précis, je pose mon veto.

 

C’est d’ailleurs ce qui domine après cette preview : Smoke and Sacrifice recèle beaucoup de promesses. La promesse d’une narration travaillée, d’une quête maternelle qui pousse Sachi dans ses derniers retranchements. La promesse d’un univers très bigarré aux influences multiples qui pourrait surprendre le joueur mais aussi le dérouter, si ces références sont trop gratuites ou bien incohérentes les unes avec les autres. Enfin, la promesse d’un gameplay exigeant où le combat prend le pas sur la survie tout en obligeant le joueur à se montrer prudent dès qu’il sort des sentiers battus. Bref, l’attente est réelle, de mon point de vue en tout cas. Smoke and Sacrifice doit sortir en 2018 sur toutes les consoles actuelles et sur PC. Dès que le jeu repointera le bout de son nez, comptez sur Bordel de Nerds pour vous dire si le fumet est aussi satisfaisant qu’espéré.